Misophonie : aversions aux sons, que faire ?

La misophonie ou la haine des sons : qu’est-ce que c’est ?
La misophonie tire son nom du grec ancien « miséo » qui veut dire haïr et « phono », le son. Elle est aussi connue sous le nom de sensibilité sélective aux sons. Cette aversion aux sons a vu le jour au début des années 2000 grâce aux travaux de Margaret et Pawel Jastreboff à Atlanta. Voici un point sur les symptômes, le diagnostic et le traitement de la misophonie.
La misophonie définition : de quoi s’agit-il ?
La misophonie se caractérise par une gêne auditive qui concerne toutes les personnes de n’importe quel âge et de n’importe quel genre.
La misophonie se traduit par une intolérance à certains bruits produits par les personnes qui l’entourent. Les bruits anodins pour le commun des mortels deviennent insupportables et entrainent des émotions vives telles que l’angoisse et la colère chez le misophone.
La nature des bruits insupportables
Les sons incommodants sont divers et varient d’une personne à l’autre. Nous vous en citons quelques-uns :
- Bruits de bouche : mâchonnement d’un chewing-gum, mastication
- La déglutition
- Ronflements
- Toux et reniflements
- Grincement de dents
- Bruits des couverts dans l’assiette
- Cliquetis répétitifs : Le claquement des glaçons dans un verre, l’aspiration d’une boisson à l’aide d’une paille, les tapotements des doigts sur un clavier, le tic-tac d’une horloge
Quels sont les symptômes de la misophonie ?
Face à des sons répétitifs, le misophone peut avoir des crises d’angoisse et des accès de colère. Il est irritable, agité et a même tendance à éprouver du dégoût lors de cette souffrance psychologique. En ce qui concerne les manifestations physiques, il peut être atteint de tremblements et de palpitations cardiaques.
Certains symptômes sont parfois très violents. Cela se traduit par une perte de contrôle et une envie de vomir ou un besoin de crier. Suite à une exposition prolongée, le misophone se trouve fatigué et souffre parfois de dépression car il a le sentiment d’être incompris.
Il souhaite couvrir les sons en écoutant de la musique ou en portant des bouchons d’oreilles. D’autre part, le misophone a tendance à vouloir s’isoler pour se protéger des bruits dérangeants. Il s’agit alors d’une stratégie d’évitement qui affecte sa vie sociale, familiale et professionnelle.
Parfois, l’aversion aux sons évolue et finit par une aversion visuelle, ainsi le misophone supporte très mal les mouvements des lèvres. Par ailleurs, il ressent de la honte et une culpabilité lorsqu’il s’emporte au moindre bruit.
Quelles sont les causes de la misophonie ?
Des anomalies cérébrales peuvent être à l’origine de la misophonie, une maladie neuro-psychiatrique. Il s’agit d’une hyperactivation du cortex insulaire inférieur, une région du cerveau en rapport avec le fonctionnement de l’attention. La misophonie provient d’une hyperexcitabilité nerveuse ou d’une hypervigilance.
Les bébés peuvent tout à fait naitre avec une hypersensibilité. Les adultes, eux, ont pu être victimes de comportements abusifs pendant l’enfance. La misophonie survient aussi chez les personnes au vécu difficile avec une cause ancrée dans leur subconscient.
Certains médecins expliquent que la misophonie est due à des traumatismes psychiques et des émotions refoulées.
Qui est touché par la misophonie ?
On trouve de la misophonie chez des jeunes enfants à partir de 5 ans ou adolescents dès l’âge de 12 ans. Cela peut concerner également des personnes nées prématurément traumatisées par le bruit des instruments mis dans la couveuse ou des soins précoces indélicats.
Il faut aussi savoir que cette pathologie peut être d’origine génétique car un certain nombre de personnes qui souffrent ont des antécédents familiaux de l’ordre de 50%.
Par ailleurs, 10% des personnes présentant des acouphènes seraient atteintes de misophonie et on dénombrerait environ 15% de patients misophones en France.
Dans tous les cas, la misophonie vient d’une souffrance et tout le monde peut en souffrir car chacun a son vécu, sa personnalité et sa sensibilité.
Misophonie et intelligence
Des liens possibles peuvent exister entre la misophonie, haut potentiel intellectuel et autisme mais ne sont pas réelement établis.
Il a été constaté qu’en effet chez les personnes qui ont été diagnostiqué comme étant un haut potentiel intellectuel, ou bien atteint d’autisme, la misophonie apparait plus fréquemment que pour le reste de la population.
Ceci pourrait s’expliquer notamment par une hyperactitivé cérébrale, qui impacte la perception des sons de manière accrue.
Comment diagnostique-t-on cette maladie ?
La misophonie peu connue et pas toujours bien comprise, le diagnostic est difficile à poser. Il est tout de même reporté que plus d’une personne sur 10 sont affectées par la maladie. Ce sont les psychothérapeutes, les psychologues et psychiatres qui utilisent l’échelle d’évaluation aussi appelée Amsterdam Misophonia Scale, une adaptation du Y-BOCS pour mesurer les Troubles Obsessionnels Compulsifs.
Apparue à l’an 2000, elle permet d’établir un diagnostic de la maladie et d’en évaluer l’intensité. Des tests et un certain nombre de questions sont posés aux patients pour trouver les déclencheurs et connaitre la fréquence d’apparition des symptômes. L’échelle permet de les classifier en 5 degrés d’intensité de 0 à 24, des symptômes les plus légers (5 à 9) aux plus sévères (20 à 24).
Des études cliniques montrent aussi l’association de la misophonie avec d’autres pathologies. C’est le cas du Syndrome de Gilles de la Tourette, une affection neurologique, des TOC, de l’anxiété et des troubles du comportement alimentaire.
Quelles sont les traitements contre la misophonie ?
De nombreux professionnels de santé peuvent prendre en charge un patient, du diagnostic à son suivi. Médecin ORL, psychothérapeute, psychiatre et sophrologue ont tous un rôle. S’il n’existe pas vraiment de traitement avec des résultats probants, il est possible de s’orienter vers des thérapies qui permettent de vivre au quotidien avec les troubles.
Juste après le diagnostic, un traitement psychothérapeutique doit être proposé. Il s’associe aux méthodes pour guérir les phobies. Des thérapies comportementales et cognitives sont les mieux adaptées. Lorsque la misophonie est couplée à des acouphènes, il faut suggérer une thérapie d’habituation aux acouphènes qui peut les soulager.
Il est aussi possible de contraindre le cerveau à se focaliser sur autre chose. Le but est de transformer les sons irritants en sons normaux grâce à une association positive. C’est un travail de longue haleine, mais avec de bons résultats. Des personnes peuvent aussi se procurer des bouchons sur-mesure et un casque anti bruit pour sortir.
Par ailleurs, des séances d’hypnose atténuent les troubles et le générateur de bruit blanc est une bonne solution pour se relaxer.
Des médicaments prescrits pour la dépression et l’anxiété n’ont pas de résultats concluants sur la misophonie. Il faut aussi savoir qu’en l’absence de traitement, la liste des symptômes peut augmenter.


Solutions complémentaires
En plus du suivi clinique, il existe plusieurs solutions pour améliorer le quotidien.
- Écouter des sons agréables pour mieux s’adapter au bruit et se relaxer
- Porter des bouchons d’oreille et des écouteurs pour anticiper et se protéger des bruits énervants
- Méditer ou pratiquer la sophrologie afin de calmer les crises d’angoisse et mieux gérer le stress
- Parler à l’entourage et aux collègues de travail afin d’être plus à l’aise
- Cohérence cardiaque : des exercices de respiration qui permettent de tranquilliser la personne et moduler la fréquence cardiaque
- Rejoindre une association liée à l’audition pour permettre de discuter et évoqué les difficultés, les solutions et éviter l’isolement avec des personnes pouvant partager votre maladie.
N’hésitez pas à consulter un thérapeute pour traiter la misophonie !